- Bonjour. Nous sommes Pierre, Marina, Jean-Mary et Danil. Chacun de nous quatre écrit le mot Histoire avec une lettre majuscule. Chacun a sa relation avec cette dame du troisième âge.
Mais comment en est-il arrivé là?
Tout a commencé en 1993.
"Vous cherchez une maison à restaurer? Tenez! J'ai une ruine à Poiré!" Avec ces paroles d'un notaire a commencé l'histoire de la Roselière et l'histoire de notre famille.
En découvrant la ferme tourangelle abandonnée dans les années soixante, je n'avais qu'une envie - repartir! "Quelle horreur! On s'en va!" Mais Pierre est tombé sous son charme: "Mon dieu! Qu'est-ce que c'st beau!" Amoureux des vieilles pierres, habile de ses mains, il a réussi d'insuffler la vie aux battisses abandonnées.
Pendant plusieurs années durait le travail titanesque pour relever cette ruine et faire revivre ce lieu unique. D'abord nous avons transformé la grange en maison d'habitation. Puis, la maison, où logeaient autrefois les fermiers, en gîte.
Tous ces petits trésors de l'architecture paysanne ont retrouvé leur seconde jeunesse: la cheminée, l'évier, la tomette, le four à pain.
Jean-Mary, notre fils aîné, suivait son père dans tous les travaux de rénovation. Quand il avait 3-4 ans, c'était un jeu pour lui de tenir un tuyau d'eau pendant que Pierre préparait du ciment. Ou de coller des chutes de plaques au plâtre sur un mur lui dédié.
Rénovant le gîte avec son père, il est devenu un expert en ciment et enduit. Il n'avait que 7 ans.
Notre fils cadet Danil a vu naître le gîte à l'âge d'un an et demi. Il nous a aidé comme il a pu.
Mais en grandissant, Danil s'est rattrapé. Il a construit une multitude de cabanes: dans l'arbre et sur terre, en palettes et en tôles, en caisses en carton et en contreplaqué.
En terminant en beauté par un vrai petit "gîte" en parpaings.
Danil, comme son frère, a commencé par restaurer des vélos pour nos hôtes et il est devenu un mordu de la mécanique.
A 18 ans, il continue à monter des cabanes, à mettre les mains dans le cambouis... et dans le chocolat. Danil est un pâtissier passionné à la pâtisserie de Montrésor.
Pierre a forgé pour le gîte des meubles, rampes, tringles... Tous sont des pièces uniques fabriquées sur mesure.
Comme ce meuble pour lavabo, le petit dragon qui tient la tringle, la girouette qui décore le toit du gîte...
J'ai grandi près d'une maman qui passait des soirées entières derrière la machine à coudre ou avec des aiguilles à tricoter. C'était pour habiller notre famille, car en Russie soviétique les magasins étaient vides. C'est là que ma mère m'a transmis la plus grande richesse: elle m'initié au tricot et à la couture.
A l'âge de 14 ans, pour mon premier bal, je me suis confectionnée ma première robe. Une robe pour danser comme je l'avais dessinée.
Le fil et le tissu ne me lâchaient plus malgré mes études de langues et le travail en tant que professeur de Français. J'ai eu une chance d'enseigner des travaux manuels et arts appliqués dans une école russe pour les futurs instituteurs. Et oui, en Russie, on apprend aux élèves de la primaire à broder et à coudre des boutons!
En France, j'ai œuvré d'abord pour une école de danse, en confectionnant pour des jeunes danseuses 80 costumes en quelques mois!
En mettant sur pied le gîte, je me suis amusée dans le rôle de décoratrice. Des nappes, coussins, tapis, rideaux, couvre-lits sont nés après le travail durant de longues soirées et nuits.
De fil en aiguille, je suis devenue une éducatrice avec des personnes handicapées. Et c'est maintenant à eux que je transmets ma passion pour des bouts de tissus.